Bordeaux, 17 heures, jeudi d’octobre 1989
Ca y est j'y suis!
Bordeaux cette ville de foot-ball, connue pour les exploits de ses footballeurs sera désormais mon lieu de résidence. Cette première impression, celle d'un pratiquant de foot-ball symbolise ma rencontre avec la ville de Bordeaux
Très vite, la réalité, le quotidien et les défis d'installation ont repris le dessus sur l'imaginaire initial.
Tout d'abord la communication orale, les déplacements, les études et les divertissements ne m'ont posé aucun problème tant ils étaient proches de mon vécu dakarois. Par contre, le climat (cette humidité), l'expression des visages (tristes et renfermés), les relations à autrui, l'architecture (murs noirs) m'ont quelque peu perturbé.
L'étranger que je suis, se rend alors compte de l'univers dans lequel il est plongé. La ville de Bordeaux m'est apparu comme un espace vide de sens tant sa centralité est faible. Ou est le centre de cette ville? Telle est la question que je n'ai pas arrêté de me poser. Les petites rues, les petits troitoirs, les murs noircis par je ne sais quel phénomène, la saleté (déjections canines) ne m'ont pas convaincu de l'existence d'une centralité urbaine fut-elle historique.
L'expression des individus en circulation dans cette ville est l'une des choses qui marque. Qu'est-ce qui explique ces visages tristes, renfermés, qui fuient le regard? Qu'est-ce qui explique la raideur des corps, la démarche saccadée de ces bordelais? A croire que l'espace publique est une contrainte dans ses représentations.
En fait, je suis "tombé" dans une fausse ville, un espace qui manque de personnalité. Une part importante des individus qui y résident sont de passage ou en provenance d'espace ruraux aux alentours. Ce qui donne à la ville de Bordeaux une forte tonalité rurale. |