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rencontres, débats, colloques

10 décembre 2004 à 18 heures
Rencontre-débat

06 décembre 2004
Rencontre-dÉbaT DU 19 NOVEMBRE 2004

 

Migrant, aujourd’hui !

Les rencontres d’Intura.net nous offrent, sur des sujets que certains pourraient trouver rebattus, des perspectives qui peuvent surprendre. Loin des idées et des images véhiculées avec complaisance, loin des lieux communs, les invités et le public de notre dernier débat nous ont permis d’entendre des récits de vie de migrants éloignés de ce qui est propagé habituellement.

Trois récits distincts, trois vies et bien des points communs

Et pourtant leurs histoires n’avaient rien de commun au départ. En effet, les circonstances de leurs migrations auraient pu les amener à tirer des enseignements très différents sur leurs vies de migrants. Jugez-en plutôt.

Niculaie Costelian, migrant roumain a quitté son pays plongé dans le contexte socio-politique difficile de l’époque du dictateur Caescescu. Anne-Marie Desvergnes a choisi de laisser la France pour un Eldorado personnel et professionnel, les États-Unis d’Amérique.

Quant à Alexandre Rychelski, il a effectué le parcours en sens inverse des USA vers la France, amoureux d’une de ses « composantes culturelles » : le vin dont il a fait son métier.

Tous les trois ont mis en avant leur qualité de migrant-né. Leurs filiations, arménienne pour l’un, maltaise, italienne, pied-noir pour l’autre, polonaise et irlandaise pour le troisième les ont amenés à se demander si l’état de migrant « n’était pas inscrit dans leurs gènes » ?

Pour les trois intervenants, le nouveau pays d’accueil occupait depuis fort longtemps une place privilégiée dans leurs vies. Ils en avaient rêvé. Ils en avaient étudié l’histoire, la culture. Mais surtout, ils en pratiquaient la langue avant de partir. La pratique de la langue « a facilité mon adaptation » fut comme un leitmotiv dans cette soirée. Mais était-ce suffisant ?

Il semble bien que non. Sans cette dose « d’esprit d’aventure » dont chacun a parlé, la quête d’un « ailleurs mythique » aurait pu se fracasser contre leurs nouvelles réalités. Créer une société en France pour un américain semble aussi ardu que changer de métier pour un roumain qui doit faire vivre sa famille en France ou « apprendre à travailler sur un mode hyper-actif » pour une française aux USA.

Ces existences inscrites dans un ailleurs et dans la durée ont laissé des traces profondes dans la psychologie de chacun des témoins. « Je resterais toujours un Roumain mais pas comme les autres », « J’ai une mentalité américaine dans le business même ici, on me dit souvent calme-toi ! », « Je me suis senti touriste en retournant aux USA » ou encore « Je suis un mauvais américain, j’aime les repas qui traînent en longueur ». L’adaptation vaut-elle intégration ? Cette proposition risque d’alimenter longtemps notre recherche.

Entre immigration forcée et immigration volontaire, nous avons pu constater que la qualité de migrant ne se définissait pas uniquement au travers de facteurs extérieurs (politiques, économiques ou autres) mais bien dans quelque chose de plus profond « une âme de migrant ».


27 octobre 2004
Rencontre-dÉbaT DU 15 OCTOBRE 2004
Des diversités culturelles dans le champ de l'action sociale

La première rencontre-débat d’Intura.net s’est déroulée le 15 octobre dernier, en présence de 25 personnes environ, au Chico Loco, restaurant latino espagnol, un des lieux de ralliement de la communauté hispanophone de Bordeaux.

Pourquoi avoir choisi ce lieu ?

Il nous a semblé que son aspect convivial servirait notre désir de faire circuler la parole.

En effet, pour les rencontres-débats d’Intura.net, nous souhaitons donner la parole aux personnes présentes. Pas de confiscation par de soi-disant experts, pas de discours pontifiant. Le plaisir simple de parler, de partager et de s’interroger sur des composantes de nos vies quotidiennes personnelles et professionnelles.

Ce que nous avions en commun ?

La certitude que les échanges entre cultures sont notre lot journalier. Le nier, le refuser ou l’éviter ne servirait à rien. Il s’agit d’une réalité et tout combat qui tendrait à la contrôler, à la normaliser ou à la refuser est d’ores et déjà un combat d’arrière-garde.

Les faits sont là. Les échanges entre cultures existent bel et bien. S’ils existent, ils influencent tous les ages et toutes les circonstances de la vie.

Chacun va vivre plus ou moins bien dans ce dialogue intime avec les diverses parties de son être. Issu d’influences culturelles distinctes ou porteur d’une culture autre, plongé dans un environnement étranger résultat d’une migration, d’un exil ou d’un choix individuel comme le mariage, par exemple, chaque être humain va développer des comportements ou des stratégies qui l’amèneront à vivre plus ou moins bien cette confrontation avec l’Autre. L’Autre qui peut être l’inconnu, celui qui est  extérieur à soi ou l’Autre, autre partie en soi.

C’est ce que nous ont expliqué les deux professionnelles que nous avions choisies comme témoins pour poser les débats.

La voix des professionnelles du dialogue entre cultures

Deux parcours, deux approches de la relation entre cultures. 

Anne Marie Serres, directrice d’école maternelle, nous a fait part de ses réticences à mettre en avant les différences culturelles des enfants dont elle a la charge. Pour elle, cette différenciation pourrait s’avérer dangereuse car source potentielle de stigmatisation, non pas au sein de l’école puisque les enfants n’y accordent que peu d’importance, mais par des factions politiques qui en feraient leur fonds électoral.

Pour A-M. Serres, les différences existent, mais elles sont davantage les résultantes de comportements sociaux et familiaux que d’appartenances culturelles. En revanche, elle a attiré notre attention sur cette volonté de bien faire qu’elle rencontre chez certains parents. Ceux-ci n’hésitent pas à gommer, chez leurs enfants, la langue maternelle voire toute référence à la culture d’origine.

Cette perte de repères identitaires peut-elle être la source des maux qu’Amina Bakhat, médiatrice interculturelle, aura à « passer » vers les équipes soignantes avec lesquelles elle travaille ?

Nous avons découvert, non seulement, un métier dans ce qu’il a de plus subtil mais aussi l’absolue nécessité à établir un dialogue aussi clair que possible entre un malade porteur d’une culture spécifique et son équipe soignante issue d’un environnement différent.

Contrairement à ce que nous venions d’entendre dans le témoignage d’Anne-Marie Serres, la différence culturelle est au cœur du métier d’A. Bakhat.

Il ne s’agit pas, pour elle, d’entendre un discours et de le traduire ou même de le porter avec neutralité vers le soignant. Il convient souvent de le décrypter à la lumière de connaissances anthologiques afin de le rendre entièrement intelligible pour celui qui a en charge le malade. Le parcours entier du patient est pris en considération y compris son parcours migratoire.

C’est autour de cette articulation entre individu et parcours que la prise de parole s’est rapidement instaurée chez les participants. Chacun a tenu à parler de son chemin personnel, des difficultés et des richesses que cette double ou triple appartenance lui apporte.

Nous pouvons retenir de ces échanges la quasi-certitude que la rencontre entre les cultures se fait sur un fonds commun d’humanité. Ce fonds commun épargne t'il les affrontements ? La question fut posée et le débat n’est pas clos.

Les questions de la langue et de « l’intégration » furent également abordées.

La perte consciente ou inconsciente, volontaire ou involontaire de la langue d’origine conditionne–t-elle l’intégration ou génère-t-elle des maux qui hypothéqueront le devenir ? Intégration veut-elle dire renoncement aux différences ?