Intura.net : les clefs des cultures AFRIQUE
INTIMES REGARDS

 


29/09/04 Richard Cerf
Bordeaux 19/06/2002
CARTES

Divine quincaillerie générale et divers

Dès mon arrivée à Bamako en octobre 2000, la première enseigne lue sur la route de l’aéroport annonçait clairement, sans que je le sache encore, ce qu‘allaient être ces trois mois de résidence d’artiste.

Habituellement, il se dit : « l’art, c’est la vie ».

Pour cette fois, ce fut le contraire. Le produit de mes fantasmes, tout ce que je croyais être issu de mes conceptions artistiques, se révéla bien vite être le quotidien de milliers de gens.

Dès lors, je me suis retrouvé comme happé par l’existence, arraché de mon isolement, et plongé dans une formidable marmite de sorcière, parmi les bulles de savon à la densité de boules de pétanque et à l’intérieur de laquelle, tout ne trouve pas de forme visible, même si parfois, l’indicible devient tangible.

C’était tant de richesses, de diversité et d’abondance que j’ai dû abandonner l’observation et me contenter de suivre simplement ce qui se présentait à moi.

Ce qui, un jour, fit dire à Madou :

« Quand on cherche le chameau, on ne voit pas le lapin. Toi. Tu suis le lapin. »

Un peu comme les fourmis, les lapins rentrent, sortent, et vont partout. Sortes de troisième élément, de médiateur circulant et creusant entre les choses. Ils vont, entre le pire et le meilleur (pourtant indissociables ici), ouvrant des espaces, tous, propices à la création. Ce lapin-là, tout à fait baroque, je l’ai suivi.

Naturellement, je me suis retrouvé à travailler comme la plupart de mes confrères Maliens. Avec les films vendus, développés et tirés en 10 x 15 par un labo amateur de Bamako.

La surexposition due à la machine étalonnée sur les tons chair évoque la multitude d’atmosphères dégagées par cette ville.

Au fil des jours, j’ai collé ces images sur des pages et tout autour, dans leur périphérie, en prenant bien soin de ne jamais déborder, je me suis efforcé d’en révéler toute la plasticité, avec l’espoir de restituer l’amoncellement, la profusion d’ambivalences et d’extrêmes, intimement mélangés et parfaitement organisés, tels que me l’offrit cette grande cité pas encore tout à fait citadine.


 



Màj : 3/10/07 14:43
 
Haut de page
Fermer la fenêtre