30/05/04	Mathilde Mézières	CARTES

Des cultures comme s’il en pleuvait.

Photo : B.Lhoumeau

La culture, celle dont nous faisons montre à grands coups de références littéraires, historiques, voire géo-politiques, pour ceux qui ont fréquenté quelque institut, voilà notre noblesse, fruit envié pensent certains, de notre intellect d’européens policés.
Que valent nos Lumières à l’aune de l’hyper matérialisation des échanges globaux ?

Les cultures, celles que nous plaçons si facilement à l’autre bout de notre monde, celles sur lesquelles nous nous penchons pour les trouver au mieux délicieusement exotiques, au pire barbares… mais éloignées de nous, ainsi il n’y a pas péril en la demeure.
Au nom de notre culture supérieure en tous points aux autres n’avons-nous pas influencé les peuples de la terre ? Nous aimerions les entendre ces hommes qui ont « bénéficié » de nos altruismes !

Voilà que ces cultures, ces autres, s’invitent à notre table. Elles deviennent multi, pluri ou inter, elles envahissent notre vocabulaire, les rayons des librairies et parfois les programmes de nos universités. Pourtant nous ne parlons jamais tout à fait de la même chose. Pour cause.

Et si la culture n’était … qu’un regard.

Celui que nous portons aux autres au travers de nos prismes personnels. Porteurs de fantômes façonnés de nos racines, de nos rites et de nos univers familiers. Enrichis de nos initiations intergénérationnelles. Plombés de nos peurs inconscientes, fruits de nos méconnaissances, de nos arrogances et de l’air du temps. Frottés aux membres de toutes les communautés auxquelles nous appartenons conjointement, alternativement, par défaut ou par envie, par nécessité ou par opportunité : le travail, les loisirs, le voisinage immédiat, les réseaux virtuels, les églises et nos chapelles.

Si nous devenions ce que nous sommes TOUS, ces êtres multiculturels, ceux où cohabitent influences et affluents, strates successives qui enrichissent nos terres fécondables. Pluriculturels, nous naviguerions avec plus ou moins d’aisance et d’opportunités avec nos diverses ressources pour devenir profusément interculturels.

L’Autre ne serait plus cet étranger lointain, mais celui avec lequel nous pourrions nouer un dialogue singulier, alter ego , porteur de ses multi, pluri et inter cultures. Cultures nôtres pourtant si différentes, ni supérieures, ni inférieures. Autres.