Intura.net : les clefs des cultures SOCIÉTÉ

 


27/10/04

Jean-Martin Coly

13/10/04

CARTES

Approche du concept de culture

2e partie
Le culturalisme en question.

Ce courant se développe au fur et à mesure que les anthropologues se trouvent confrontés à la question de la diversité culturelle. Frantz Boas (1971) envisage la culture comme une sorte de « super organisme » qui obéît à des contraintes propres. D’après ce dernier, les attitudes et les mœurs sont « contraintes » par les appartenances culturelles. Tout est rapport à la culture. 

Les anthropologues Ruth Benedict et Margaret Mead pensent que la culture reproduit la singularité des différents systèmes sociaux parce qu’elle s’appuie sur l’éducation pour assurer le passage d’une génération à une autre. Leurs études sur les effets de l’éducation sur les manières d’agir inaugurent le courant que l’on appellera plus tard « culture et personnalité ». Leur approche part du fait que dans une société, la culture est ce qui assure l’intégration des différentes sphères d’activités d’une collectivité (économique, sociale, religion). Ce qui les intéresse, c’est de montrer que la culture s’incarne dans les individus et s’exprime dans leurs actions.

Pour Ruth Benedict, les cultures véhiculent des modèles (patterns) de pensée et d’action qui forgent la vision de l’environnement et des comportements particuliers. Margaret Mead tente de faire le lien (dans ses travaux sur le peuple d’Océanie) entre une éducation donnée à des enfants et ce que cela induit comme comportements adultes. D’après elle, les raisons des comportements adultes sont à chercher dans l’éducation donnée aux enfants. Elle aborde aussi la question de la différence des comportements entre les hommes et les femmes dans ces sociétés.

Ralph Linton, Abraham Kardirer et Irving Hallovel poursuivent dans ce sens en proposant une autre notion : « la personnalité de base ». Ils tentent de sortir d’un déterminisme culturel trop simple en disant que chaque société possède une base « normale ». Elles sont prises en compte dans leur considération de la culture.Pour ces auteurs, les sociétés sont aussi à considérer dans ce qui les différencie : le statut des individus– hommes, femmes, enfants nobles etc.

Le renouveau contemporain.

Aujourd’hui, la notion de culture ne cesse de s’enrichir. La question de la différence culturelle revêt à son tour une importance nouvelle. L’appartenance à une communauté culturelle se vit comme un facteur enrichissant de la vie sociale avec lequel il faut compter. La différence culturelle n’est plus perçue comme un fait bloquant, mais plutôt comme une exigence avec laquelle les systèmes politiques doivent compter.

On peut aujourd’hui avoir recours au concept de culture pour le critiquer ou le déconstruire. Par exemple le « culturalisme » est une limite au changement dans la mesure où il fait de la culture une entité figée, résistante au changement et autonome dans ses déterminations. Max Weber, Alexis de Rocqueville et de façon contemporaine, certains auteurs font aussi preuve de culturalisme lors qu’ils attribuent à la culture chrétienne des dispositions naturelles à la démocratie, ce qui la rend difficilement compatible avec d’autres sociétés. Cette approche qui n’est pas nouvelle s’oppose à toutes les approches de modernisation du monde.

L’anthropologue C. Geutz présente une approche plus moderne du culturalisme. Selon lui, une culture se vit de l’intérieur et s’exprime en sentiments autant qu’en énoncés articulés. Il considère que chaque culture possède sa propre spécificité et ne dépend pas forcément des autres cultures pour évoluer et se définir. Cet auteur refuse toute tentative de création d’une sorte de « science des cultures », d’après lui, la notion de culture n’exige aucune élaboration théorique. Il précise qu’il est possible de tenter de décrire une culture mais qu’il est impossible de l’expliquer.

Le relativisme culturel.

Le relativisme culturel, comme nous venons de le voir, est un des aspects de la pensée de Goetz aujourd’hui largement partagée. Il s’appuie sur l’idée selon laquelle chaque culture se construit sa propre « vision du monde ».

James Clifford et Georges Marcus (1988) rejettent l’idée selon laquelle les cultures sont résistantes au temps (idée ethnographique). Ils pensent que les cultures sont le résultat de bricolages, de remaniements constants, liés aux circonstances et aux interactions du moment. Plutôt qu’un simple héritage, la culture est présentée comme une ressource qui prend racine et s’enrichit tout au long de l’histoire d’un peuple. En ce sens, elle est donc une ressource politique.

B. Anderson (1989) préfère le terme « d’imaginaire national » à celui de culture nationale, ethnique, régionale et intellectuelle. Il présente ces dernières comme des réservoirs d’images dans lesquelles en des moments précis, des groupes humains vont y chercher les ressources nécessaires à la fabrication de référents communs. Cette déconstruction ne remet pas en cause le poids de la culture sur les individus, elle dévoile plutôt l’artificialité du concept de culture.

L’une des voies possibles qui permettent de se distancier du culturalisme total et du relativisme absolu est celle que propose Frederick Barth (1969). Elle consiste en une distinction nette entre ce qui dans la culture relève de l’usage différentiel de la culture (l’identité) et l’ensemble des compétences humaines que l’on retrouve dans le patrimoine d’une société. Celles-ci ne relèvent pas toutes de la stratégie.

 


 



Màj : 3/10/07 14:43
 
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