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01/06/04 Daniel Surprenant CARTES

Quand j’entends le mot culture… ou quand la corruption et la culture font mauvais ménage : le cas Canadien

La perception d’un pays passe par un certain nombre de représentations et le Canada n’y échappe pas. Ce pays est généralement perçu (et entretient cette image) comme un exemple de démocratie. Pourtant, le pays n’est pas exempt de racisme.

Il y a un cas qui m’a choqué récemment en écoutant les informations Québécoises sur internet. Il y a actuellement au Canada un très gros scandale appelé ‘l’affaire des commandites". Le précédant gouvernement libéral fédéral (dont le premier ministre actuel était ministre des finances) aurait utilisé des fonds publics pour faire la promotion du Canada Fédéral au Québec en en faisant bénéficier des agences de publicité amies et du même coup le parti. Les fonds ont été distribués de façon discrétionnaire. En fait l’affaire date du dernier référendum qui a été perdu de justesse par les souverainistes Québécois. Cela a servi de leçon et après le référendum, le premier ministre a consacré des budgets visant à montrer aux Québécois les avantages de rester dans le Canada et donner aussi une plus grande visibilité à ses actions.

Ce qui me choque c’est que lors d’une ligne ouverte où était invité le premier ministre actuel, M. Martin dans l’Ouest du pays, un auditeur outré à juste titre par ce scandale y est allé d’explications franchement racistes. En effet, son analyse était que ce scandale était du à l’origine latine du « French power » à Ottawa, entendre le premier ministre de l’époque et ses ministres francophones. Dans son esprit, l’équation était simple. Francophone = latin = corruption et donc inversement anglophone = non latin = honnête.

Ce qui est fou c’est que des analyses aussi déterministes et simplistes aient encore cours. C’est supposer que la culture est tellement forte, que l’individu n’a d’autres choix que de s’y conformer. En fait dans cette rhétorique, le mot « culture » remplace pour des raisons de prudence le mot « race ». La culture comme la race devient en fait un déterminant biologique irrésistible. On généralise comme dans le stéréotype des comportements de quelques individus à tout le groupe auquel il appartient. Donc la solution (finale) va de soi, éliminer les francophones des responsabilités politiques (ou autres) permettrait de se prémunir de toute malhonnête, sous-entendu que les anglophones eux sont « par nature » honnêtes. Il y a derrière ces arguments un arrière fond religieux qui a opposé l’Eglise catholique à l’Eglise réformée.

Si son explication est exacte, comment expliquer les nombreux scandales qui ont émaillé la vie politique Canadienne aux temps où les francophones en étaient absents, comment expliquer le scandale du Watergate à moins qu’on me prouve que le Président Nixon était en fait Marseillais ou Italien. Comment aussi expliquer que les Québécois ont été les plus choqués par le scandale des commandites et ont massivement voté pour le parti souverainiste (Le Bloc Québécois) qui avait dénoncé le scandale alors que les Ontariens anglophones ont davantage voté pour le parti libéral entaché par le scandale ? Comment expliquer que le ministre des Finances de l’époque qui était nécessairement au courant était anglophone ? Comment a-t-il pu succomber à l’influence de ces soi-disant francophones corrompus ? Il me semble pourtant que ce qui est en jeu c’est moins dans ce cas les origines ethniques ou linguistiques des protagonistes que leurs intégrité politique point barre comme on dit en France. La corruption ne connaît pas les frontières culturelles.




Màj : 3/10/07 14:43
 
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