Intura.net : les clefs des cultures AMÉRIQUE DU NORD - LINGUISTIQUE, SOCIÉTÉ

 


01/06/04 Daniel Surprenant CARTES

Du Français au Québécois…

Comme chacun le sait, une langue c’est plus que des mots, c’est une vision du monde, des représentations C’est pourquoi la langue est loin d’épuiser la culture comme l’a démontré Hall. Bien sur, quand on est confronté avec une autre langue, on sait en principe qu’on doit acquérir le sens des mots mais surtout comprendre le contexte de leur situation. Mieux, certains mots désignent des phénomènes qui n’existent pas dans une autre culture comme « Talk show » « Home » ou « Hit and run » en Anglais ou « Rendez-vous », « Insouciance » ou « n’est-ce pas » en Français, sans oublier les « faux-amis » comme le mot « anxious » en anglais qui ne veut pas dire « anxieux » mais « avoir hâte ». Là où on ne se méfie jamais assez c’est quand deux populations partagent la même langue, comme le Brésil et le Portugal, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, L’Allemagne et l’Autriche. On postule alors que partageant la même langue, on partage du même coup la même culture. Grave erreur mon cher Watson. Cette fausse familiarité crée souvent à l’étranger des malentendus et aussi des situations humoristiques qui dévoilent ce piège culturel dans lequel on tombe toujours. Il faut se méfier plus que jamais des faux-amis (je ne parle pas au plan professionnel). En fait d’anciennes colonies ou territoires jadis liés ont évolué dans des contextes différents, un climat et des situations qui ont soit fait perdurer des mots qui ailleurs sont tombés en désuétude, soit en ont créé de nouveaux pour désigner des phénomènes inexistants dans la culture d’origine.

C’est tout à fait le cas concernant le Québec, mon pays d’origine et la France mon pays d’accueil. C’est pourquoi pour ne pas créer d’impair et éviter des erreurs, il vaut mieux dans un sens comme dans l’autre à l’occasion d’un voyage, s’informer des mots qui pourraient avoir un autre sens. Un moindre mal serait de générer l’hilarité générale, ce qui pourrait décrisper certaines situations. Je me rappelle l’an dernier à l’aéroport de Montréal arrivant de Bordeaux, je vois des compatriotes français s’adresser à une préposée Québécoise à l’accueil pour lui demander si elle avait du « scotch » et la préposée de répondre étonnée par une telle requête « on ne sert pas d’alcool ». C’est en fait qu’au Québec, dernier village d’irréductibles Gaulois, obsédé par la défense de la langue, on désigne l’objet en question du terme de « ruban adhésif » alors que les français utilisent le nom générique de l’entreprise qui le fabrique comme on dit Kodak pour appareil photo ou frigidaire pour réfrigérateur. Le scotch, c’est de l’alcool contrairement au canada Dry.

Il m’est aussi arrivé de demander à la très prestigieuse faculté de Droit de l’Université d’Aix où étaient les « abreuvoirs » et une secrétaire insultée de me répondre « C’est pas le genre de la maison monsieur ». On m’a appris après qu’il fallait dire « Fontaine », ce qui désigne pour moi une fontaine publique comme il y en a sur les places alors qu’abreuvoir en France désigne ce qui sert à donner de l’eau aux bêtes de ferme. Voyez le genre de quiproquo que je désigne. Ca doit être pareil entre les Brésiliens et les Portugais et bien d’autres.

C’est pourquoi je vous propose dans cette rubrique de vous aider à préparer votre séjour au Québec en allant à l’essentiel : connaître le sens des expressions et des mots qui peuvent prêter à confusion puis passer aux attitudes. Il ne faut jamais oublier qu’au Québec, le système féodal n’a vraiment jamais pris et que c’est la langue populaire qui s’est imposée et non celle de l’élite. Même le plus grand bourgeois laissera tomber quelque juron populaire s’il vient à se donner un coup de marteau sur les doigts.(Ca arrive palsembleu et ventre saint-gris). Ces premiers mots sont une sorte de kit de survie minimum.

Vocabulaire

All Dressed. Anglicisme. Veut dire « toutes garnie » Par exemple pizza toute garnie. Pratiquement un met national au Québec.

Appointement. Anglicisme qui veut dire « rendez-vous » comme prendre un rendez-vous chez le Médecin. Personnellement, je déteste ce terme.

Asphalte. Bitume.

Bar. A Québec, souvent d’anciennes maisons dont le premier étage a été aménagé en lieu de rencontre où on sert des boissons alcooliques et parfois présente des spectacles. Rien à voir avec ces lieux sordides aux USA. Ça s’approche des pubs anglais. On se croirait dans son salon.

Bœufs. (Prononcer Beu). Désigne au Québec les flics. Si vous parlez des poulets, on vous prendra au sens littéral et vos propos auront quelque chose d’incompréhensibles comme dire « J’ai vu les poulets sur l’autoroute ». Quand vous verrez la taille des policiers là-bas vous comprendrez pourquoi ils sont surnommés les bœufs.

Boss. Patron

Blonde. Tarte à la crème du Québécois que tous les français connaissent maintenant. Désigne la fiancée, peut importe d’ailleurs qu’elle soit blonde ou pas. Cela vient aussi du langage populaire (je vous l’avais dit) mais tend à disparaître sans doute parce qu’on s’est classemoyennisé. On dit plutôt ma copine comme en France.

Bonjour. Curieusement cela se dit aussi pour au revoir.

Broue. Mousse. Pas une raison pour dire pierre qui roule n’amasse pas broue car personne ne vous comprendra. On mettra cela sur le compte du décalage horaire.

Bum (prononcer Bome). Vient de l’anglais. Voyou.

Bumper. Terme anglais désignant le parechoc. Terme en cours de disparition.

Car wash. Terme anglais désignant un lave-auto.

Casse. Veut dire casque, en fait casquette ou ce genre d’accessoire comme ceux qu’on met pour aller à la pêche. Rien à voir avec un vol de banque ou l’expression casse-toi. Si vous dites cela, on se demandera comment on fat pour se transformer en casquette.

Cédule. Anglicisme venant de schedule qui veut dire horaire ou agenda. Eviter planning ; ça fait snob au Québec.

Char. Désigne une voiture et non un blindé utilisé par l’armée. C’est encore là une expression populaire qui tombe de plus en plus en désuétude depuis que des efforts sont faits pour défendre la langue française ou le bon parlé français. L’expression est encore valable pour désigner une remorque à thème lors d’un carnaval, soit un char allégorique.

Checker (prononcer tchéqué). Cela n’a rien à voir avec une ancienne république de l’Europe de l’Est voisine de la Slovaquie. C’est encore un de ces mots anglais intégré au vocabulaire français. Cela vient de to check qui veut dire vérifier. Au Québec cela veut dire j’ai vérifié « j’ai chécké », il faut vérifier « faut chécker » ou tu es mieux de te checker « fais gaffe ».

Chum. (Prononcer Tchome). Comme en France, certains mots anglais sont entrés dans le vocabulaire Québécois ou ont été francisés. Chum désigne mon petit ami. Ne dites pas mon fiancé car cela fera vraiment rétro genre Impératrice Sisi. Les fiançailles sont une pratique culturelle devenue rare au Québec. On pensera que vous venez d’une famille vachement classique genre XIXe siècle. Par extension, certaines filles parlent de « Tchum de fille » pour désigner leur meilleure amie.

COD (prononcer siodi). Acronyme anglais qui veut dire « Cash on delivery ». Veut dire en fait paiement en espèces sur livraison. Moins utilisé de nos jours mais cela existe encore.

Claque. Désigne un objet pratiquement disparu, un caoutchouc dans lequel on insérait les chaussures l’automne ou même l’hiver (couvre-chaussures). Lors des matches de hockey sur glace les gens les balançaient sur la glace pour montrer leur mécontentement face aux décisions de l’arbitre. Veut plutôt dire aujourd’hui une gifle. L’expression « Donne z’y la claque » veut dire allons-y, y mettre de l’effort. « Manger toute une claque » veut dire subir une grave défaite.

Club-sandwich. Sandwich très apprécié en Amérique du Nord. Il comprend trois étages et est composé de trois tranches de pain de mie grillées qui constituent les étages entre lesquels il y a tomates, poulet, bacon et mayonnaise. A recommander. Rassurer vous ne risquez pas de vous décrocher les mâchoires.

Coke. Rassurez-vous, si vous commandez un coke dans un resto, personne ne va appeler la police car cela désigne ce que de manière plus chic on appelle un « coca » en France. Ne pas confondre avec la coke. De toute manière on reste dans le domaine des drogues.

Crosser. « Se faire crosser » c’est se faire avoir. « Essayer de nous crosser », tente de nous avoir, de tricher, de nous doubler. On dit aussi se faire fourrer et là encore cela n’a rien de sexuel. « Va te crosser » veut dire « va te faire foutre ». Si on vous dit cela, ce n’est pas un geste d’amitié sauf si on le dit avec un certain sourire, ce qui veut signifier alors « arrête, tu nous fais marcher ».

Cruiser (prononcer Crouzé). Vient de l’anglais. Draguer. Eh oui, pendant que les français creusent, les Québécois naviguent., c’est plus poétique.

Cruizing Bar. Bar dont la fonction sociale manifeste consiste à permettre de draguer pour trouver un ou une partenaire. La morale m’interdit de vous les recommander.

Débarquer. Voire embarquer pour les explications. Veut dire non pas sortir de la barque après une bucolique virée sur la rivière mais plus simplement sortir de la voiture encore qu’il ne s’agit pas d’une voiture à cheval mais d’une automobile.

Drôle. Si cela désigne des enfants dans le Sud-Ouest de la France, au Québec cela veut dire étrange, curieux ou original (toi tu es drôle) ou tu as le sens de l’humour.

Chien-chaud. Ne désigne pas un chien vivant dans le Sahara mais ce que les français appellent dans leur langue si bien conservée un hot-dog. Des fois notre nationalisme va très loin.

Ecœurant. Bel exemple de faux-amis. Ne veut pas dire dégoûtant mais au contraire incroyable, fantastique, trop bien. Mot utilisé par les jeunes il y a quelques années. On dira qu’un exemple qu’un spectacle est écoeurant. Donc si on vous recommande un spectacle avec ce terme, allez-y.

Embarquer. Cette expression aux saveurs océanes vient sûrement de nos ancêtres marins, non pas les dauphins mais les premiers colons originaires de Charente, des marins qui assuraient le lien avec la métropole. Donc, si on vous invite à « embarquer », ce n’est pas pour faire un tour de bateau sur le fleuve mais pour vous dire « Montez ». on vous dira cela pour vous inviter à venir au second étage, franchir la colline ou encore s’installer sur le dos d’un cheval. Décidément la communication entre nos deux cultures tient de la prouesse.

Enfirouaper. Il y a des querelles sur les origines du mot qui tiennent à celles qui entourent le nationalisme culturel Québécois. Pour certains c’est une preuve de notre force culturelle qui sait franciser ou recycler des expressions anglaises. Selon cette thèse, cela vient de l’expression « in a fur rap » qui veut dire enveloppé dans de la fourrure comme le faisait nos ancêtres coureurs des bois qui enveloppaient certains effets personnels pour les protéger du froid. Pour d’autres, cette expression prouve que l’on a jamais perdu notre langue d’origine car elle viendrait de « enfifrer » c’est-à-dire jouer du fifre. De toute manière, cela veut dire « se faire avoir » et j’espère que ce n’est pas le cas avec ces explications.

Excellent. Veut dire « très bien » à propos de toute chose, pas seulement d’un repas.

Flat (Prononcer flatte). Vient aussi de l’anglais (décidément). Désigne une crevaison.

Gars de bicycle. Si en France les biclyques sont des lunettes anciennes, au Québec c’est un vélo ou une moto. Cela désigne en fait un motard mais plus précisément un membre d’un gang de motards, par exemple un membres des Hells Angels et non un rat de bibliothèque.

Gosses. Ce mot là est celui qui risque de poser le plus de risques. Si on vous demande si vous avez des enfants, ne répondez pas « j’ai 4 gosses » car personne ne vous croira ou vous risquez de passez pour une bête de cirque ou une personne pleine de ressources car ce mot désigne au Québec les testicules. Ne dites pas non plus comme dans le Sud-Ouest des « drôles » car au Québec cela veut dire Comique.

Gouvernement. Désigne l’État. Cela vient de la langue anglaise où le terme government désigne de manière indistincte l’État et le gouvernement. En réalité les gouvernements passent et l’État reste.

Hot-Chicken. Met également très répandu et apprécié en Amérique du Nord. Sandwiche constitué de 2 tranches de pain de mie non grillées entre lesquelles on a mis du poulet, le tout accompagné de petits pois et de sauce au poulet chaude. A recommander.

Hot-Dog Michigan. Servi dans pas mal de petits snacks, vous savez ceux comme dans Paris texas. C’est un hot-dog dans de la sauce tomates. Arme de destruction massive.

Itou. Aussi. « Moé itou » veut dire moi aussi. Ca c’est du vieux français qu’on a conservé.

Jaser. Si en France cela veut dire dans certaines régions dire du mal de quelqu’un, au Québec cela veut dire plus simplement parler, discuter. Imaginez la tête de mes amis français de Charente quand je leur ai dit candidement « venez on va jaser ». Je ne comprenais pas l’attitude de recul qu’ils ont eu.

Jurons. Les jurons sont révélateurs de la culture, ses tabous ou de l’histoire. Si de nombreux anglophones invoquent le sexe ou les français ce qui a trait à la fécalité, les Québécois, sans doute par un trop plein passé de religion évoquent ses termes. Restant respectueux malgré tout pour ne pas subir aux temps théocratiques les foudres du clergé, ils ont pris soin de les modifier légèrement. On utilise ainsi les mots tabernacle qui devient Tabarnak, Sacrement devient sacrament (être en sacrament, de mauvaise humeur). Christ qui devient Chriss, calice qui devient cälisse, Vierge qui devient Viarge et Hostie qui devient hosti, voire baptême qui garde son nom. De la même manière qu’avec les mots merde et con on peut en France faire des adverbes, des verbes, des qualificatifs (con, connard, déconner, ou encore merde, démerder, emmerdant, être dans la merde, merder, chier, faire chier, chiant etc.) on peut au Québec faire de même avec ces mots. On dira une Viarge de belle fille (une très belle fille), câlisser une volée (donner une forte râclée), être en chriss (être en colère), une hosti de belle voiture (une très belle voiture), ou simplement baptême pour manifester son agacement (être en baptême). Tous ces mots peuvent être substitués les uns aux autres. On dit au Québec sacrer pour dire utiliser des jurons. C’est un art assez complexe et ne vous risquez pas à vous y essayer pour montrer votre volonté d’intégration, vous risquez qu’on se moque de vous. N’essayez pas non plus d’innover en disant « chasuble, ce qu’on amuse ce soir ». Cela n’évoquera rien car ce ne sont pas toutes les expressions religieuses qui sont utilisables. En y repensant, on a bien nous aussi des jurons scatologiques. Dire « Mange de la marde » veut dire « va te faire foutre » mais aussi veut dire affectueusement à un ami d’aller se faire voir parce qu’il vous charrie, tente de vous mener clairement en bateau ou se prend pour un autre. Ecouter le disque d’un ancien groupe humoristique Québécois « les cyniques » pour apprendre l’art de sacrer. Ne pas utiliser à la télé ou lors de discours officiels.

Happy Hour (prononcer Happi a weur) Littéralement “Heure joyeuse”. On dit aussi 5 à 7. Période entre 17 et 19 heures où on peut avoir 2 ou 3 bières pour le prix d’une. …Hic !

Last call. Expression anglaise. Dernières commandes avant la fin de l’heure légale permise de vente d’alcool dans un bar ou lieu où on sert des boissons alcooliques. Occasion de commander 5 ou 6 bières pour éviter de mourir de soif.

Liqueur. Rassurez-vous si on vous demande si vous en voulez dans un fast-food. Ce n’est pas que ces chaînes font aussi bistro mais que ce mot désigne en fait des sodas non-alcoolisés (Coca, limonade, seven-up, bière de gingembre, etc.).

Lumière. Là, une belle occasion de quiproquo. Désigne au Québec les feux de circulation. Si vous demandez votre chemin et qu’on vous dit de tourner à la seconde lumière, ne cherchez pas la lumière divine ni celle des maisons, c’est le second feu. Dans le cas contraire, vous n’êtes pas arrivé. Si vous demandez à quel feu vous devez tourner, là la personne va se demander si vous parlez d’une personne qui fait un feu ou si un feu de foêt s’est déclenché. On pensera que vous êtes pompier.

Magasiner. Faire les emplettes, faire du lèche-vitrine.

Marde. Merde en Québécois.

Minoune. Tacot.

Mon oncle. Curieux d’avoir lié l’article et le nom. Si en France « Mon oncle » en deux mots signifie le frère de ma mère ou de mon père, au Québec cela désigne en un seul mot une attitude sociale. Par exemple un beauf qui avance pas en voiture se fera traiter de Mononcle pour dire que comme les oncles âgés d’antan, il sort sa voiture une fois l’an et se montre trop prudent. Cela définit aussi un certain conformisme. Malgré cela, quand on désigne son oncle véritable, on dira « Mon mononcle » et là c’est en même temps un lien de parenté et une attitude sociale, voire un rôle social. Ca marche de la même manière avec Tante (Matante) comme par exemple « La matante a sorti sa belle robe aujourd’hui » pour se moquer avec ironie d’une dame d’un certain âge qui a l’air ridicule dans sa nouvelle robe. Ça a un côté créole, je trouve.

Nouvelles. Les infos à la télé.

Patiner. Le Hockey sur glace étant une religion nationale, comme le foot en Italie Les métaphores inspirées de ce sport sont largement utilisées comme on le fait pour le foot en France. Patiner se dit d’une personne qui cherche à gagner du temps quand elle n’a pas la réponse. En France on dirait broder. Les Québécois adorent faire patiner les personnes qui par leur culture n’osent pas tout simplement admettre ne pas savoir. On le fait patiner ou il patine et de ce fait perd toute crédibilité.

Pipe. Encore une de ces expressions à haut degré de dangerosité. Si on vous dit « tu nous conte des pipes » cela n’a rien de sexuel rassurez-vous, cela veut dire qu’on conte des mensonges. J’évite en France.

Poutine. Rien à voir avec le chef de l’Etat Russe… quoique. C’est une spécialisé typiquement Québécoise qui fait consensus. Alors les français accrochez-vous. Ce sont des frites assorties de fromage en grain nappées de sauce chaude au poulet dite B.B.Q. (Barbecue). On aime ou on n'aime pas. Bon appétit camarade cousinof.

Quétaine. De mauvais goût. On dirait en France cucu la praline ou kitch. Ce mot est un exemple de francisation car il désigne une famille anglophone appelée Kittens qui avait fort mauvais goût. Si par exemple vous avez dans votre jardin des nains de plâtre comme dans le fameux destin d’Amélie Poulin, des flamands roses en plastiques et en plus une fontaine en imitation marbre de Prisunic avec des anges pétant de santé aux joues roses, sachez que là vous êtes irrémédiablement quétaine. Je vous plains.

Mitaines. Sert à se couvrir les mains en cas de grand froid. Il y a un pouce et les autres doigts sont dans une même enveloppe de cuir. C’est ce qui s’appelle avoir les mains pleines de pouces. Vous avez intérêt à les mettre en février je vous le dis. C’est plus chaud que des gants. On dit aussi « enlève des mitaines » pour dire que vous êtes vraiment pas habiles de vos doigts.

Moé. Dans le langage populaire veut dire toi. Il parait qu’on parlait comme cela à la cour de Louis XIV qui disait Le Roué sé moé (Le Roi c’est moi). Si c’est exact, c’est nous qui parlons avec noblesse au Québec.

Mol. Ne veut pas dire une crème glacée molle mais une bière de marque Molson, très répandue au Québec.

Paqueté. Ivre.

Parquer. Stationner. Parquer son char est garer sa voiture. Encore un mot anglais francisé. (To park).

Pitoune. A l’origine billes de bois flottant sur les rivières vers les usines de pâte à papier. Désigne aujourd’hui une minette ou des femmes aguichantes ou agicheuses, qui sont trop, quoi. Ne dites pas cela à n’importe quelle femme, vous risquez de vous prendre une claque.

Root-Beer. Cela ressemble à du coca, mais ce n’est pas du coca. Soda Nord-Américan dont raffolent beaucoup de personnes dans ce pays mais que les français classeraient aussi dans les armes de destruction massive. Pour les quelques amis français qui ont osé s’y essayer, cela a saveur de médicament mais d’autres aiment. Je vous aurai prévenu.

Sacrer. Utiliser des jurons.

Salut. Veut dire curieusement en fait « Bonjour » et non au Revoir.

Shoe-claque (prononcer chouclaque). Expression de la ville de Québec qui veut dire souliers de courses, espadrilles. Tend à disparaître.

Smoked-Meat. C’est un nom anglais je sais mais c’est une spécialité de Montréal qui nous vient d’Europe de l’Est je crois. De la viande finement tranchée et fumée des mois durant, entre deux tranches de pain sésame. Des gens de partout en Amérique, voire même des gens haut placés se font un devoir d’aller déguster ces spécialités rue St Laurent à Montréal dans un décor tout ce qui est de simple, quand ce n’est pas la promiscuité la plus totale. De quoi oublier ses origines de classe dirait Bourdieu. À déguster avec un gros cornichon (je ne parle pas de votre beau-frère).

Tantôt. Si en France cela veut dire « plus tard », au contraire au Québec cela désigne une action au passé.

Tapette. Deux acceptions. La première, objet servant à tuer les mouches. Seconde, terme péjoratif désignant les homosexuels mâles.

Ticket (prononcer tiquète). Là vous avez intérêt surtout dans les grandes villes à connaître ce mot. Cela n’a rien avoir avec avoir un ticket avec une fille, c’est-à-dire lui plaire et avoir une chance de conclure avec elle, alors là pas du tout. Encore un de ces faux-amis. Un ticket c’est une contravention. Là-bas c’est un sport national. C’est comme si Sarcosy était passé il y a 40 ans. On ne plaisante pas et surtout on ne négocie pas avec la police. Les fonctionnaires de la circulation se montrent particulièrement zélés. Encore récemment une ambulance attendant l’autorisation des policiers avant d’intervenir auprès d’un individu violent s’est vu remettre une contravention de stationnement interdit. Ne vous dites pas « allez on en aura pas » car on dirait qu’il y a un flic caché derrière chaque arbre. Donc prendre un ticket c’est avoir une contravention pour stationnement illicite.

Tire (prononcer thaïyeure). Mot anglais signifiant pneu.

Toé. Toi dans le langage populaire. Voir moé.

Truck. Camion en anglais mais encore utilisé au Québec en français.

Tuque. Cela ne désigne pas un habitant de la Turquie mais un bonnet qu’on se met sur la tête en hiver, surtout quant il vente par moins vingt ou moins trente. Cela protège ce que l’homme a de plus précieux, non son compte en banque mais son cerveau. Bon, si vous avez un faible Q.I. c’est pas votre problème. Pour les africains qui iraient au Québec, pas la peine de le mettre car que vous le mettiez ou pas, vous aurez toujours aussi froid. L’expression « Tiens bien ta tuque » veut tire, agrippe toi, ça démarre ou on y va.

TV (prononcer Tivi). Télévision dans le langage populaire.

Twit. Désigne en France un con ou un neuneu.

Warehouse. (Prononcer Ouéraouse). Entrepôt.

Quelques expressions

A noter qu’au Québec, comme le faisait remarquer un des mes profs Haïtiens, les gens ont tendance à adopter des tournures de phrases négatives. On ne dit pas qu’une fille est belle mais qu’elle n'est pas laide, pas qu’une maison est loin mais qu’elle n’est pas proche, pas que c’est difficile mais que c’n’est pas facile, pas qu’un produit est économique mais pas cher etc. etc. Cela vient sûrement de notre passé colonial qui nous a amené à avoir peur de s’affirmer. C’est pas facile… Oups !

Dans certains milieux populaires, on fait précéder le prénom de « ti » qui veut dire « petit ». C’est une marque d’affection, sorte de surnom comme par exemple Ti-Claude, Ti-Jean. Par contre un ti-cul veut dire un jeune garçon frondeur qui se prend pour un autre. Ti-casse désigne aussi une personne fanfaronne « eh, calme-toi ti-casse. Un « ti-Joe » connaissant c’est une personne qui prétend tout connaître sur tout et nous casse les bonbons avec son attitude de Monsieur-je-sais-tout.

Prononciation

Au Québec, dans le langage populaire, les sons en « oi » se prononce « oué » , ce qui donne « toué » à la place de toi, « moé » à la place de moi.

Les ds se prononcent dz comme par exemple dzu riz au lieu de du riz

Les T se prononcent dans certains cas Ts comme par exemple pas « TU » (avec l’accent pointu à la française comme on dit au Québec, mais tzu comme par exemple est-ce que tsu vient. Pareil pour les « DU » qui se prononcent dzu comme dzu pain. C’est peut être à cause du froid qui bloque la mâchoire, qui sait.

Les sons en « in «  se prononcent différemment comme par exemple pain se prononce paéin et non pin, très pincé à la Marie-Chantal.

Les sont en « a » sont sans doute ce qui nous différencie le plus de nos cousins. Cela dépend des régions du Québec. A Montréal on prononce le boulevard Décâri pour Décari comme dirait mon dentiste alors qu’à Québec on le prononce comme en France.

Au Saguenay-Lac St-Jean, on prononce souvent les J comme des h non muets, ce qui donne non pas Jamais, mais « Hamais » (h expiré). Cela peut créer des confusions même entre les personnes du coin. L’un dit à l’autre « Ma Hatte a eu ses p’tits » et l’autre de lui répondre « pas déhâ » et l’autre de répondre « Non des Hyiens » (Traduction Ma chatte a eu ses petits, pas déjà (des chats), non, des chiens. Hum... bon passons…

Un autre truc bizarre est au Québec l’utilisation des mots en masculin et féminin pour ceux qui sont désignés par un article en « l » apostrophe. Par exemple si on dit l’autobus, on dira « une autobus » alors ce mot est masculin (allez savoir pourquoi). Pareil pour l’aéroport etc.

Québec, on ne le dira jamais assez, est très proche des pays Scandinaves concernant certains aspects de la culture politique. C’est le cas concernant l’égalité entre homme et femme. C’est une question à ne pas prendre à la légère au Québec. Les femmes, après des siècles de domination cléricale et masculine revendiquent depuis la modernisation du Québec dans les années 60 l’égalité, même si informellement elles ont joué un rôle important au plan familial ou historique. Un des symboles de cette revendication et affirmation est l’androgénéisation des mots, notamment concernant les professions. Ainsi, la mairesse n’est pas la femme du Maire mais la femme maire. Ne soyez pas étonné d’entendre des mots comme professeure, auteure, ingénieure, Madame la Ministre, Madame la Députée, Première Ministre, etc. Ne dites surtout pas que vous trouvez cela ridicule, là, vous êtes mort.

Les mots à éviter.

Eviter les anglicismes qui ont le don d’agacer les Québécois, fiers de leur langue surtout parce que vous venez du pays qui est le berceau de la langue française et qui doit selon eux donner l’exemple. C’est un facteur de découragement pour le Québécois de voir que l’ancienne mère patrie ne donne pas l’exemple avec pourtant 60 millions d’habitants. En plus ils trouvent cela snob. Au contraire les Québécois font tout ce qu’ils peuvent pour trouver ou inventer des traductions. Les noms en « ing » sont à éviter car ils tombent dans cette catégorie. Il faut de l’attentioning.

Breack : Dire voiture familiale (les breacks désignent les freins). On trouvera curieux que dans une agence de location vous ne désiriez louer que des freins et pas le reste
Challenge : A éviter absolument. Dire plutôt défi.
Email : Dire courriel
Leasing : Dire location, voiture de location
Mailing : Dire Publipostage
Packaching : Dire Emballage
Parking : Dire stationnement
Planning : Dire Agenda
Se fendre la gueule (on prendra cela au sens premier au Québec)
Spam : Dire pourriel
Warning : Dire Feux d’urgence, clignotants d’urgence

Quelques acronymes

Le monde moderne est peuplé d’acronymes qui désignent toute sorte d’institutions. Comme le nombre de lettres de l’alphabet est limité à 26, il est sûr que les acronymes Québécois peuvent créer des confusions pour un français. En voici quelques-uns que vous devez connaître.

C.L.S.C. Vous allez voir plein de panneaux affichant ce sigle partout sur les routes au Québec. Cela ne veut pas dire le Congrès Lyonnais des sœurs catholiques mais les Centres locaux de services communautaires, cellule de base du système de santé et des services sociaux au Québec. On en trouve dans les quartiers des grandes villes ou en milieu rural desservant plusieurs villes. Ce sont des organismes décentralisés.

C.R.S.S.S. Rien à voir avec le slogan de mai 68. Cela désigne les Conseils régionaux des services de santé et de services sociaux.

C.S.S.T. Commission de la Santé et sécurité au travail.

O.N.F. Non non non c’est pas l’Office national des forêts même si le pays en compte beaucoup mais l’Office national du film, organisme public fédéral chargé du financement et de la production de films canadiens.

P.L.Q. Parti libéral du Québec

P.Q. Ce n’est pas le papier cul mais le Parti Québécois, parti souverainiste et social-démocrate genre Scandinave et un peu PS en France.

R.A.S.Q. Régie de l’assurance-santé du Québec. La Santé n’est pas gérée par des organismes paritaires, mais par un organismes parapublic qui veille au contrôle des coûts, s’occupe des remboursements auprès des médecins et spécialistes et exerce des contrôles. Au Québec on ne rembourse rien de votre poche, c’est au médecin de se faire rembourser par la Régie.

S.A.Q. Rassurez-vous, cela n’a rien à voir avec une certaine police politique de l’époque Gaullienne et encore moins avec Charles Pasqua. Cela désigne la Société des alcools du Québec. Ce pays est le seul en Amérique du Nord à avoir refusé la prohibition (ce qui montre qu’on est bien latins). On a préféré à la place imiter le système Scandinave où la vente d’alcool est un monopole d’Etat de manière à faire entrer des ressources fiscales, lutter contre l’alcoolisme et en même temps socialiser la population à des consommations moins tord-boyaux, ce qui a été un succès. Cela a beau être une entreprise publique, ils ont un marketing d’enfer à la pointe. Je vois rassure, le monopole ne touche pas la bière et certains vins sont disponibles dans les épiceries. Ouf ! Il y a des succursales partout et on peut même vous conseiller.

S.R.C. Société Radio-Canada, réseau francophone de la chaîne de télé publique Canadienne.

Attitudes et comportements à éviter…

Comme le montre Hall nos comportements sont culturels dans la mesure où ils sont naturalisés, ce qui nous amène à penser plus ou moins consciemment que vos comportements sont universels alors qu’en réalité, ils sont relatifs à votre culture. Des signes, des comportements ou des mots peuvent être décodés différemment dans une autre culture, sans que vous le sachiez. Il ne s’agit pas de porter un jugement sur la culture des autres que de tenter minimalement de comprendre la manière dont vos comportements risquent d’être perçus ou celle dont vous percevez celui des autres. C’est la solution de facilité de dire que ce sont les autres qui ont tort, ce qui évidemment vous épargne des efforts.

Voici dont quelques recommandations concernant les gestes ou comportements à éviter.

Québécois, Canadiens, Canadiens-français…

Pas facile de s’y retrouver quand il s’agit de désigner les habitants francophones du Québec. C’est difficile en raison du problème de la place du Québec dans le Canada et de la rivalité entre le nationalisme Québécois et Canadien. Le mot Canadien n’est pas faux car déjà sous la colonie française, ceux nés sur le territoire de la colonie appelée Canada commencent à se démarquer des métropolitains en se disant Canadiens. Avec la conquête anglaise,  les francophones revendiquent auprès de la Couronne Britannique le statut de nation à part entière dans l’Empire Britannique comme les Ecossais ou les Gallois. Ils se disent « Canadiens », ce qui veut dire francophone par opposition aux anglophones qui dans la colonie se disent pratiquement jusqu’en 1945 Britanniques. A cette époque tous les citoyens du Dominion Britannique ont droit à un passeport anglais. Après la seconde guerre mondiale, le nationalisme anglophone commence à se développer, ces derniers voulant se démarquer de l’Angleterre et des Etats-Unis. Ils prennent donc le nom de Canadians Ces derniers, non sans un certain mépris, désignent les francophones du nom de « French Canadian’ , en appuyant bien sur le French pour leur reprocher de rester attachés à leur mère-patrie la France et non à la couronne Britannique. Les francophones le leur rendent bien en les appelant Canadiens-anglais Donc les Québécois âgés emploient encore le mot Canadien pour désigner un francophone par opposition aux anglais. Juridiquement parlant, les Québécois francophones font partie du Canada et jouissent de la citoyenneté Canadienne, détiennent un passeport Canadien. Le terme de Canadien-français est plus compliqué car il a désigné à une époque tous les francophones vivant dans la colonie canadienne, peu importe où ils se trouvaient, voire même dans les Etats du Nord-Est des Etats-Unis. Ce qui les unissaient c’est moins le territoire que le partage d’une culture commune, la langue, la foi catholique et la vocation agraire, les trois étant liés. Avec la création du Canada suite à l’unification de différentes colonies Britanniques du Nord de l’Amérique en 1867, le territoire constituant le berceau historique des francophones le long du fleuve St-Laurent , plus certains territoires au Nord devient un Etat fédéré appelé Québec. Avec la modernisation et la sécularisation du Québec que l’on a appelé la révolution tranquille, le nationalisme Québécois qui s’est graduellement développé depuis la création de cet Etat fédéré jouissant d’une grande autonomie, connaît un fort développement. Plusieurs francophones du Québec revendiquent la souveraineté de leur Etat et se disent non plus Canadiens ou Canadiens-français mais Québécois. Parallèlement, l’identité canadienne-française se fragmente en raison de l’étendue du territoire et de la création des autres Etats fédérés constituant le Canada. On parle de Franco-Manitobains, Franco-Terre-Neuviens, Franco-Ontariens, sans oublier les Acadiens du Nouveau-Brunswick. Donc la langue et la culture ne coïncident plus et chaque entité francophone revendique sa propre identité. Parallèlement, l’Etat central largement unilingue propose une nouvelle vision du Canada bilingue d’un Océan à l’autre. Deux référendums ont eu lieu sur la souveraineté du Québec qui polarisent les Québécois. Certains se disent avant tout Québécois et d’autres Canadiens, selon qu’ils sont souverainistes ou fédéralistes.Ces expressions Canadiens-français et Canadien d’expression francophone sont plus qu’un glissement sémantique, ils expriment des réalités différentes.

Il faut donc faire preuve de circonspection dans l’usage de ces mots. Ne faites pas comme Raymond Barre qui un jour a parlé des français du Canada, ce serait une grave erreur. Les francophones du Québec, séparés pendant plusieurs siècles de la France, n’ayant pas connu la Révolution française mais plutôt l’Ancien Régime ne se sentent nullement français. Ce sont des Nord-Américains parlant français. Il ne faut donc pas sous-estimer les différences culturelles qui se cachent derrière une langue commune. Si les personnes auxquelles vous vous adressez se disent Québécois le terme de « Canadien » peut créer un malaise (il ne faut pas exagérer, ce ne sera pas un incident diplomatique, mais on exigera d’être appelé Québécois). Il faut éviter d’imposer aux gens une identité qu’ils refusent ; peu importe les raisons. Cela me rappelle un jour un français très cartésien qui lors d’un colloque se demandait pourquoi les Québécois se battaient pour la survie de leur langue alors qu’ils étaient entourés de plus de 300 millions d’anglophones au lieu de s’assimiler. Ce genre de comportement colonial est mal prisé. Quand on sait que la survie est au cœur même de la culture Québécoise, je vous dis pas le froid que cela a créé. D’autres ne voient aucun problème à être appelé Canadien alors que d’autres y verront une seconde trahison de la France qui les a abandonné sur le continent en laissant la colonie à l’Angleterre.(Oi mais c’était l’Ancien régime). . Pour certains, les appeler « Canadiens » c’est comme appeler un français un Suisse. C’est compliqué mais les enjeux identitaires font partie de la culture. Il faut savoir écouter et se servir de son jugement et ne pas essayer de dire aux francophones ce qu’ils doivent faire ou leur imposer une identité.

Bretons, Corses, Languedocs et Québécois

La pire erreur que l’on puisse faire quand un cherche à évoquer un pays est de plaquer sur ce dernier sa propre réalité. Il est normal de chercher à se rassurer en cherchant des références communes. Ne dit-on pas souvent à propos d’un pays « Tiens, cela ressemble à ». Comme le montre Hall, une première impression superficielle laisse à penser que finalement il n’y a pas tant de différences que cela. Après tout, ces gens sont comme nous, ils ont les mêmes problèmes, etc. (People are the same wherever you go chante Mcartney dans Ebony and Ivory).  ; C’est une grave erreur et vous constaterez après une première phase d’enchantement que la réalité est plus compliquée. Cette fausse familiarité va vous amener à commettre des gaffes. Un des plus grosses erreurs que l’on puisse faire, c’est par exemple de dire qu’en gros, les revendications culturelles et politiques des Québécois c’est en gros du folklore comme les Bretons, les Corses et tous ces régionalismes et patois en France. Ce sont des enfantillages car après tout ils ne sont pas si mal que cela, n’ont pas de raisons de se plaindre avec un niveau de vie assez satisfaisant. Bref, c’est y voir une nostalgie d’une époque révolue, un mythe ou une utopie. C’est sous-estimer l’importance de la question nationale au Canada et au Québec. Le Québec est contrairement à la situation des Bretons, Alsaciens ou Corses un Etat fédéré disposant d’une souveraineté limitée mais aussi un acteur international dans certains domaines. On est loin de la situation des départements français. La question nationale reste un fait important et divise la population. Il faut ajouter que mêmes les partisans du maintien du Québec dans le Canada peuvent être en même tant nationalistes, demandant la reconnaissance du Québec comme Société distincte. La place du Québec dans le Canada est un problème qui reste ambigu et dont la solution est un enjeu politique important. Si vous assimilez la situation des Québécois à des questions folkloriques de Breton ou de Corses, on jugera votre attitude coloniale, on dira que vous parlez de choses que vous ne connaissez pas ou on se sentira méprisé ou mal compris. Donc prudence.

Femmes Québécoises

Comme nous le disions plutôt, la Québec s’apparente plus à la Scandinavie qu’à la France en matière du statut de la femme. De nombreuses lois sont entrées dans les mœurs qui instaurent une égalité entre sexes qu’on ne trouve pas encore en France. Sauf exception, les attitudes machistes et phallocrates vous causeront bien des ennuis et les femmes ne se gêneront pas pour renvoyer dans vos 22 si j’ose dire. La dernière chose à dire est « Ah ce que tu est belle quand tu es fâchée ». Là, je garantis plus rien de votre sécurité. Non plus de l’androgénéisation des termes, on ne fait plus au Québec la distinction entre Madame et Mademoiselle, ce dernier mot , comme celui de « fiancée », étant jugé surannée. C’est un mot qui évoque les jeunes filles sous leurs ombrelles prêtes à défaillir à la moindre contrariété. Au Québec, le statut de la femme (mariée ou non) ne doit pas induire une différence de comportement. C’est donc Madame pour toutes les femmes sauf évidemment les très jeunes filles. Laisser son siège dans le bus à une femme peut être mal apprécié de celle-ci que vous la jugez comme appartenant au sexe faible. Elle vous répondra qu’elle est pas infirme. Je vous voit répondre « et la politesse ». Peut être que la politesse comme norme sociale n’est pas exempte de préjugés sur la femme. Toute norme comportant des exceptions, laisser votre siège à une femme ne cause pas de problèmes si elle est âgée, enceinte ou a des paquets lourds.

La hiérarchie

S’il y a un élément culturel qui différencie le Québec de la France c’est bien la hiérarchie. Ce n’est pas, n’en déplaise à Mme De Rothchild, que les Québécois sont des brutes non civilisés vivant dans l’état de nature mais cela tient à leur histoire et leur environnement. La plupart des Québécois étaient des ruraux il y a encore quelques générations. Leurs ancêtres français en tout cas étaient de basse extraction, cultivateurs, soldats, menuisiers. La système féodal ne s’est jamais imposé et c’est au contraire le seigneur (qui était en fait un bourgeois) qui dépendait de ses vassaux et non le contraire. En cas de différent, le paysan pouvait s’en aller, il avait toute l’Amérique pour lui. Il y a aussi l’environnement anglo-saxon où on est moins à cheval sur la hiérarchie. Ce qui compte c’est moins votre statut que la personne que vous êtes. Donc éviter de porter des jugements. On est pas très à cheval sur les formalités et rituels sociaux. L’usage du « tu » est très répandu et n’a rien de vulgaire. Cela vient de l’anglais où le « you » veut aussi bien dire « tu » ou « vous ». Certes vous trouverez toujours des personnes imbues de leur position sociale mais ce n’est pas la règle. Répétons-le au Québec c’est la culture populaire qui domine et non celle des élites. Les politiciens n’hésitent pas d’ailleurs à utiliser des expressions populaires pour se faire comprendre ou imager leurs propos, voire montrer qu’ils ne se prennent pas pour d’autres. Dans les institutions, la distance sociale est faible entre les niveaux hiérarchiques. Etre patron ou cadre ne confère pas un statut social comme en France mais c’est une fonction. On acceptera de se conformer à une demande parce que votre fonction vous autorise à le faire. On dira « C’est toi le boss, c’est ta responsabilité ». Une fois hors du travail, votre statut de cadre ne vois suit pas nécessairement. Il n’est pas rare de voir des cadres aller boire une bière (boisson nationale) avec des employés. On laisse alors tomber les titres. En dehors de son travail on redevient plus ou moins libre et les titres s’effacent. C’est pareil pour le prof avec ses élèves à la fac. Cela ne veut pas dire que n’on ne vois respecte pas comme personne mais le statut ne vous confère pas automatiquement une légitimité. Les gens ne se gênent pas pour dire ce qu’ils pensent. En France, on y verrait sans doute une méthode nouvelle de management ou de la démagogie. On est pragmatiques. Il est vrai que Québécois et Français ont un rapport au pouvoir complètement différent. On a aussi recours au prénom ou diminutif du prénom « Bob pour Robert » etc. Je ne vous conseille pas au conseil d’Etat.

Les policiers

C’est là encore un domaine qui oppose les deux pays. Le rapport à l’autorité est très différent, même si la police en France commence à s’américaniser. Il ne fait pas rigoler et chercher à discuter avec la police. Quand il est marqué de ne pas dépasser les 100 km/heure ce n’est pas 101 ni 102. Vous aurez droit à une contravention. J’ai vu quelques Français grisés par les grands espaces et ne voyant aucune police, se prendre pour Indiana Jones à la recherche de l’Arche perdue ou pour Alain Prost au grand prix de Monaco. Quelle fut leur stupeur d’être rattrapé par une puissante voiture de police de la sûreté du Québec. Là bas, les policiers ne roulent pas en 4L. Chercher à argumenter ne ferait qu’aggraver votre cas et s’il y a quelque chose qui les énerve, c’est la mauvaise foi. Ne parlons même pas des injures. Cela ne veut pas dire qu’ils ne sont pas sensibles qu’en tant qu’étranger, vous pouvez avoir commis une erreur par méconnaissance. Il faut rester calme, rester dans sa voiture, attendre que l’agent vienne vers vous et le cas échéant vous expliquer sans le prendre pour un imbécile. Même si les voitures sont les mêmes, le comportement des policiers n’est pas complètement identique à celui de leurs confrères Américains. Etre interpellé par la police ce n’est pas anodin. C’est le cas de le dire ils viendront derrière vous « toutes sirènes hurlantes » et là c’est pas une métaphore. Leurs véhicules sont de vrais arbres de Noël avec des phares rouges, bleus, voire de grosses flèches clignotante jaunes comme on voit sur les camions des autoroutes de la France. Il faut donc calmement se ranger sur le bas-côté. C’est pas le moment de leur dire que vous aimez leur accent... Munissez-vous d’un permis international, cela les met dans de meilleures dispositions. Ne dites pas que vous avez un cousin ministre, ils s’en tamponnent les amydales. N’oubliez jamais qu’ils disposent de voitures surpuissantes.

Civisme

Autre élément culturel qui différencie Québécois et Français. Enfin disons que l’on a des conceptions différentes de la chose. C’est un leg de la culture anglaise. Il y a des choses qui ne se font pas. Même si L’Amérique du Nord est capitaliste, l’individualisme ne règne pas toujours en maître et la compétition à tout prix non plus. Si en France il faut dès son jeune âge apprendre à serrer les coudes (déjà à la cafet), le Québec est un petit pays, de 7 millions d’habitants, un gros village où tout se sait et où tout circule vite. Confronté aussi dans le néo-libéralisme, les gens n’en gardent pas moins un esprit communautaire. Il serait risqué donc de se garer en double file (là, la police va vous aimer), d’essayer de dépasser frénétiquement sur l’autoroute, d’essayer de resquiller (non, cela veut dire non), de ne pas respecter les files d’attente. Par contre si la bise fait des adeptes au Québec, la poignée de main ne s’impose que pour des accords importants. Il est suffisant de dire bonjour et de faire un signe de la main si votre interlocuteur est à l’autre bout du corridor. Personne ne fera une tentative de suicide si vous avez oublié de lui serrer la main. Il pensera que vous avez oublié ou que vous étiez trop occupé.

Voilà, il ne vous reste plus qu’à vous lancer dans l’aventure. Faut bien qu’il reste quelques imprévus. N’hésitez pas à nous faire part de vos expériences et anecdotes.


 



Màj : 3/10/07 14:43
 
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