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SOCIÉTÉ, INTIMES REGARDS

 


04/10/04

Extraits d’une interview de Jean-Claude Acquaviva responsable du groupe A Filetta, ensemble de polyphonie corse,
recueillie par Isabelle de GAULMYN, parue dans le Croix du 1er août 2004
01/08/2004

CARTES

j’ai la chance d’être né

«  j’ai la chance d’être né dans une terre où l’homme compte. J’aime le rapport particulier qui se noue à l’autre sur l’île. La Corse est une petite communauté, dans laquelle tout le monde se connaît. Ce n’est ni un titre de gloire, ni une « spécificité », ce sont les circonstances qui l’expliquent sans doute. Le maillage social est important, mais il nous rend sans cesse exposés aux regards des autres.

J’ai la chance d’être né dans une terre splendide, qui n’a pas trop souffert des excès d’industrialisation. Une terre qui se veut exemplaire, à sa manière, d’un certain modèle de développement. C’est un rêve utopique, que cette île dans notre société mondialisée. Mais une société qui ne rêve pas n’avance plus. Ce qu’il faut c’est que nos rêves soient communs.

J’ai la chance d’être né dans un pays qui a ses traditions. Dans les années 1970, la situation culturelle de la Corse était catastrophique. L’état avait mis sous le boisseau la culture corse, la langue corse. Il n’a jamais voulu reconnaître notre part d’italianité. Cela a suscité trop de malentendus et de violences ….

J’ai la chance d’être né dans un pays qui possède un héritage. Mais le discours « ethniciste » véhiculé par certains aujourd’hui, qui se gargarisent à grands coups d’identité corse, est dangereux. Notre culture s’est formée dans le métissage, dans les échanges, même s’ils furent douloureux, dans des invasions. Il y a toujours eu en Corse des gens qui sont venus d’ailleurs. Notre culture n’est pas un sanctuaire, elle doit évoluer. Nous-mêmes essayons d’introduire des nouveautés dans nos chants, des dissonances, de faire vivre nos traditions. Parce que la tradition est comparable à un tamis : si on ne lui amène rien, le tamis ne sert à rien. Certains prétendent, en chantant corse, faire vivre une langue. Pour moi c’est l’inverse : je vis en chantant cette langue. »


 



Màj : 3/10/07 14:43
 
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