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INTIMES REGARDS

 


03/11/04

Anne-Marie Desvergnes

28 octobre 2004

CARTES

Chers aliments, auriez-vous donc une âme ?

Serait-il possible que vous réagissiez comme les humains culturellement en fonction de vos origines et de votre environnement ?

On a coutume de dire en France que la cuisine est affaire de “ terroir ”.

C'est une notion qui tendrait à nous faire penser qu'hors d'un petit ou grand territoire, point n'est de salut et que rien ne peut pousser ou se faire exactement comme là où l'excellence du produit au fil des ans et parfois des siècles, s'est forgé.

Ces réflexions et ces interrogations, il m'a été donné de les faire car au cours d'un séjour de plusieurs années aux USA, j'ai pu constater qu'il y avait un résultat différent bien que les ingrédients des bonnes recettes françaises que j'avais emmenées, étaient les mêmes.

Alors, que se passait-il ?

J'ai été élevée à force de bonne cuisine préparée amoureusement par ma mère qui elle-même la tenait des siens… La chaîne remontait à ses ancêtres italiens qui lui avaient légués une propension certaine à manier la tomate et les pâtes de façon brillantissime!

Aux USA, j'avais essayé de garder un mode de vie pas trop américanisé et de préserver une cuisine se rapprochant de mes habitudes françaises.

Au cours des dîners que nous organisions régulièrement entre amis de toutes les nationalités.

Hollandaise, française, espagnole, cubaine, américaine, notre méli-mélo de cuisines s'entrechoquait avec bonheur.

Mes recettes n'arrivaient jamais vraiment aux résultats qu'elles donnaient en France.

Pourtant un légume est un légume, un fruit, un fruit etc. eh bien non !

Il en était de même pour les fabrications : le beurre non plus était loin d'avoir le goût du beurre normand ou charentais, ne parlons pas de la crème fraîche et encore moins du fromage et autre : la liste est longue !

J'en ai fait la triste expérience au début quand je me suis lancée imprudemment dans un “ lapin à la moutarde ”. Ce fut un invraisemblable fiasco !

Déjà très difficile de trouver un lapin, viande honnie par les américains horrifiés que nous puissions manger cet adorable petit animal. La moutarde était « de Dijon » certes mais la crème pourtant dite fraîche, fondit lamentablement et ma sauce et le reste furent ratée !

Tout le monde me regarda ce soir-là d'un œil goguenard comme la Française, supposée la reine de la bonne cuisine, se révéler l'impératrice du plat raté !

Élevée au pays de Brillat -Savarin, nous imaginons que nous pouvons tout nous permettre en matière culinaire n'importe où que nous soyons.

Mon ami américain Richard, très amoureux de la France, se révéla être un cuisinier hors pair car connaissant bien les ingrédients présents en son pays et grâce à un talent certain en la matière. Il pouvait les manier avec dextérité pour un résultat « à la française.

Les ingrédients ont leur âme et leur saveur propres et le “ terroir ” n'est pas un vain mot !


 



Màj : 3/10/07 14:43
 
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