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SOCIÉTÉ

 


07/12/04

Antoine Char

24 mars 2005

CARTES

Le traitement de la drogue en France

Shit, ganté, beuh, peu importe comment les jeunes français appellent le
cannabis, les premiers consommateurs de «pot» en Europe, ce sont eux.
Une campagne tout azimut contre ses méfaits a été lancée ces derniers
jours. Il ne s’agit pas d’une bouffée délirante contre la drogue «douce»
mais d’«informer sans diaboliser».

Il faut d’abord casser le mythe, rappelle le ministère français de la
Santé : la marijuana, par exemple, n’est pas une drogue aussi conviviale,
aux vertus aussi relaxantes, comme le soutient le discours ambiant. Un
vrai poison, le cannabis? Il se répand en tout cas, telle une traînée de
poudre chez les jeunes de l’Hexagone. À 18 ans, un garçon sur cinq et
une fille sur dix se roulent des joints plusieurs fois par semaine. La cote
de popularité de la «Marie-Jeanne» n’est pas encore aussi grande que
celles de l’alcool et du tabac. Mais pour combien de temps encore?

«Le cannabis est une réalité» : la campagne de sensibilisation du
gouvernement français met l’accent sur les dangers de cette drogue sur la
vie sociale, scolaire et sur la santé des jeunes. C’est la première fois
qu’une telle campagne est faite, en France et en Europe. Pourquoi avoir
attendu si longtemps ? Il vaut mieux tard que jamais, semble être la
réponse de Philippe Douste-Blazy, le ministre de la Santé. Résultat : toute
la presse française profite d’encarts publicitaires essentiellement
pédagogiques.

Cette même presse estime cependant que la campagne de prévention, qui
coûtera 14 millions de dollars, serait plus efficace si elle était menée de
concert avec le ministère de l’Éducation. Après tout, il s’agit de mettre en
garde des jeunes encore sur les bancs d’école. La première «fumette»
c’est à l’école qu’elle se fait. Le «petit joint» du matin, qui permet de
délirer «entre potes» ou de fuir les difficultés de la maison, des banlieues
grisâtres et de l’adolescence, finit par avoir des effets directs sur le travail
scolaire.

Les écoliers qui se trouvent dans un état second peuvent désormais faire
appel à «Écoute cannabis», une ligne téléphonique offrant information et
conseils personnalisés. Ceux et celles qui veulent bien décrocher pourront
aussi consulter éducateurs et psychologues, spécialement formés.

Au total, 850 000 Français fumeraient régulièrement, dont 450 000 tous
les jours, des jeunes pour la plupart. La France a pourtant l’une des
législations les plus répressives du Vieux Continent. Le simple usage
d’un joint peut être sanctionné d’un an de prison ferme… sur papier. En
effet, l’application de la loi sur les stupéfiants, vieille de 34 ans, se fait
de façon discrétionnaire. Dans les grandes villes, c’est la dépénalisation de
fait, au moins concernant les «fumeurs du dimanche». Dans les petites
agglomérations, l’on peut se retrouver à l’ombre pour avoir été pris avec
une barrette de haschich.

Contrairement aux campagnes contre le tabac et l’alcool, celle contre le
cannabis se fait sans diaboliser le produit. Philippe Douste-Blazy veut
mettre en garde sans réprimer. Le ministre de la Santé ne tient pas à pas à
se retrouver avec un pétard mouillé entre les mains.


 



Màj : 3/10/07 14:43
 
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